Vacances fasola en Grande Bretagne et en famille

En juillet dernier, nous sommes partis en Grande Bretagne en famille pour découvrir ce pays ensemble (je ne connaissais « que » Londres) et pour chanter du Sacred Harp ! Initialement, nous voulions ajouter le All-day d’Edimbourg à notre périple mais lorsque nous avons pris conscience des distances à parcourir pour aller là-bas, nous avons dû opter pour un itinéraire plus court et moins fatigant, un itinéraire qui nous permettrait de mieux profiter de chaque endroit visité et des moments partagés avec les personnes rencontrées durant notre périple.

Brighton

Peu de temps après avoir quitté le ferry, nous avons roulé (à gauche) jusqu’à Brighton/Worthing où nous nous sommes installés dans notre premier camping britannique.
Grâce à internet, j’étais entré en contact avec des chanteurs de Brighton, dont Seth, queIMG_3005 nous avons rencontré le soir même avec sa femme et dont les enfants ont à peu près le même âge que les nôtres. Nous avons partagé avec eux et avec les goélands un fish & chips géant et une soirée délicieusement interculturelle en bord de mer.
Dans l’après-midi du vendredi, nos enfants ont pu passer quelques heures en immersion totale dans l’école des enfants de Seth. Nos enfants, qui étaient alors en pleine lecture des aventures de Harry Potter, avaient très envie d’aller voir comment étaient les écoles en Grande Bretagne, mais ils avaient un peu sous-estimé les difficultés à communiquer en anglais. Des tablettes ont permis de traduire des questions échangées entre eux et les élèves de cette école. Puis nous avons eu la possibilité de vivre ce plaisir étrange d’ « aller chercher » nos enfants à la sortie des classes, et de parler avec certains autres parents comme si tout cela était normal…
Nous avons aussi profité d’être sur place pour visiter la ville de Brighton, le pier, la jetée, avec des animations dessus, des manèges, est assez connue, mais nous y avons trouvé une atmosphère assez touristique et assez stressante. Heureusement, nous

avons pu rejoindre le soir le singing régulier du groupe de Brighton, ce qui nous a bien détendus. Nous avons rencontré Sarah, avec qui j’avais premièrement pris contact, et retrouvé Rachel et Nick que nous avions déjà rencontré avant, notamment à Cork. Lors d’une pause, Rachel m’a demandé depuis quand on était en Angleterre. J’ai répondu « depuis jeudi dernier ». C’est elle qui a réagi la première : « quand tu dis jeudi, tu veux dire hier ? » En effet, vu la quantité de choses nouvelles rencontrées, j’avais confusément l’impression que cela faisait bien plus longtemps que nous étions là. Ce fut un singing très sympathique avec des chanteurs expérimentés et très accueillants. J’ai aussi apprécié de voir un singing hebdomadaire régulier, un peu comme ce que nous faisons à Clermont-Fd.
Le lendemain, nous avons quitté la région de Brighton/Worthing pour nous rendre près de Southampton et camper dans la New Forest. D’après notre guide, cette forest n’est pas si new que ça puisque sa création remonterait à Guillaume le Conquérant (XIème siècle !). La particularité de cette sorte de parc régional protégé est qu’on y rencontre des animaux en liberté, des vaches, des chevaux, des daims, des écureuils, etc. Un jour, j’ai entendu plusieurs fois hennir derrière la voiture. Sans réfléchir, j’ai pensé qu’il s’agissait de ma fille (qui imite plutôt bien les chevaux), puis je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un poulain qui cherchait sa mère. Il n’était pas rare de croiser des chevaux en balade dans le camping quand on allait au bloc prendre une douche ou faire la vaisselle (nous, pas les chevaux).

Bristol

Sur notre chemin depuis Southampton, nous avons fait un petit détour pour voir le site préhistorique de Stonehenge depuis la route. Parfois, en Grande Bretagne, les endroits à visiter sont gratuits (les musées nationaux par exemple) et parfois, ils sont assez chers. C’est le cas de Stonehenge, qui est extrêmement fréquenté car c’est un site mondialement connu. Nous le verrons de près une autre fois. Puis, nous nous sommes installés dans un camping entre Bristol et Bath afin de profiter des deux villes.IMG_1366

Nous visitons Bath, très touristique avec les thermes romains qui lui ont donné son nom et où notre fils a trouvé l’occasion de poser avec la reine Elizabeth II.

Bristol nous est apparue plus vivante, plus ouverte, plus accueillante que Bath. Le « Park & Ride », délicieusement exotique avec ses bus à deux étages, nous a permis de circuler facilement et pour pas cher en ville sans notre voiture.

IMG_3202Nous retrouvons les chanteurs de Bristol pour leur singing régulier après une journée passée à déambuler parmi les canaux de la ville. Nous avons visité le Matthew, réplique de la caravelle de John Cabot qui a découvert Terre Neuve (et l’Amérique du Nord) en 1497 et, après d’autres choses, pris un petit-déjeuner anglais très complet… en guise de repas du soir.

C’est toujours un plaisir de constater, à Brighton comme à Bristol, que le Sacred Harp permet de rencontrer simplement plein de gens très sympathiques et de partager avec eux quasi instantanément des moments intenses de chant, mais pas uniquement. Nous retrouvons Matthew (qui donnera la singing school à Clermont en 2020) et Steve et rencontrons les autres chanteurs de Bristol, et nous sommes à nouveau accueillis chaleureusement. Malheureusement, j’avais pris froid et j’avais la voix cassée. Je n’ai pu participer qu’en sifflant les mélodies. Quelle tristesse !

Nous sommes repartis ensuite pour le Pays de Galles, la région de Usk/Abergavenny. Nous nous installons au camping par une journée très ensoleillée. Depuis notre arrivée en Grande Bretagne, le temps a été très agréable, très chaud et étonnamment sec.

Gwehelog

Malheureusement pour nous, le temps sec n’a pas duré. En cours de nuit, des nuages de pluie ont commencé à déverser sur nous des trombes d’eau en quantité que je n’aurais jamais imaginé possible. Vers 3h du matin, j’entendais comme un ruisseau couler, sans interruption sous notre tente… Le lendemain, nous nous sommes aperçus que la tente où dormait notre fille prenait l’eau et que nous n’avions pas assez de matériel pour faire face à un tel déluge. Nous sommes allés nous réfugier dans un salon de thé pour prendre notre petit-déjeuner au sec et sans risque à Usk. Puis nous sommes allés visiter la mine de charbon de Big Pit, située à Blaenavon. 20190719_154221Cette mine se visite gratuitement et permet de descendre à -90 m sous la surface accompagné par d’anciens mineurs qui nous donnent les explications sur l’histoire de la mine et de l’extraction du charbon en Grande Bretagne depuis l’époque victorienne jusqu’à sa fermeture, sur l’importance du gisement de Big Pit dans la révolution industrielle et sur les conditions de travail des mineurs, hommes, femmes et enfants et des chevaux. Visite très intéressante et très touchante humainement.

Nous arrivons le samedi matin dans ce qui ressemble à la campagne galloise la plus perdue lorsque notre GPS, que nous avions suivi sans méfiance jusqu’ici, nous informe :

« Vous êtes arrivés ». Heureusement, nous avons rapidement ensuite aperçu la silhouette de la petite chapelle où allait se dérouler le All-day singing de Gwehelog, nous garons la voiture dans un pré proche. A mesure que nous avançons vers la chapelle, nous entendons dans le lointain tout d’abord puis de plus en plus fort les voix et les harmonies du Sacred Harp, elles semblent jaillir comme une source lumineuse et vivifiante, à la fois tranquilles, familières et accueillantes.

Cette journée a été délicieuse. Que rêver de plus ? Chanter, parler (mon anglais était alors au top de sa forme et ma voix était bien revenue) avec les autres chanteurs et chanteuses, rencontrer de nouvelles personnes, rire…

Après le singing, nous sommes allés au pub avec le groupe. Boire une pinte (merci 20190720_170404Werner !) à l’extérieur sur la pelouse, parler avec Matthew, avec Werner de Londres, avec Chris de New York ; la fatigue et le plaisir d’avoir chanté et partagé des émotions de chant intenses invitent à se détendre. Le soleil nous chauffe tranquillement, les enfants jouent tout seuls. Le pied.

Nous rentrons ensuite au camping et je vais en soirée retrouver des chanteuses qui avaient leurs tentes proches des nôtres pour chanter quelques tunes du Christian Harmony, livre sur lequel nous allions chanter le lendemain.

Christian Harmony

Je crois que j’aime énormément les harmonies du Sacred Harp et la diversité qu’on trouve dans ce livre. Je crois que j’aime aussi profondément qu’il n’y ait pas de chants gospel dans le red book même si j’aime les gospels par ailleurs. Je retrouve donc le black book le dimanche et si le matin les chants me paraissent plus austères, peut-être plus sombres, que ceux du Denson, l’après-midi, la voix enthousiaste et très porteuse de Steve,

à côté de qui je chante à ce moment, me permet de mieux entrer dans les harmonies de ce livre, que je connais globalement moins, et je peux alors les apprécier à leur juste valeur.

Puis le dimanche s’achève dans la douceur de l’été gallois. Nous reprenons sans trainer la route en direction de Douvres car le ferry est prévu pour le lendemain en début d’après-midi.

Les routes en Grande-Bretagne, celles que nous avons parcourues, sont en général étroites, avec très peu de place, voire pas du tout, sur les côtés pour s’arrêter par exemple. Les autoroutes sont gratuites mais le stationnement dans les stations-services est payant au-delà de deux heures d’arrêt… Il n’y a pas beaucoup de contournements pour éviter la circulation des centres ville et parfois on trouve une voiture garée pile sur la voie de circulation, ce qui oblige tout le monde à s’arrêter. Les conducteurs sont globalement très courtois et calmes (oserais-je ajouter flegmatiques ? Oh le cliché !). Le seul problème, c’est que rouler d’une ville à une autre prend pas mal de temps. Londres n’est pas loin et la seule autoroute pour Douvres passe à sa périphérie, nous risquerions de rester coincés sur la M25, le « plus grand parking d’Europe » (expression locale qui fait allusion aux énormes embouteillages quotidiens sur cette autoroute). Nous bifurquons donc par Brighton et arrivons à Douvres à l’heure pour un dernier fish and chips et pour le ferry.

Pour finir

Nous avons beaucoup apprécié l’Angleterre, ce pays à la fois très différent, et assez proche du nôtre finalement, durant notre séjour. Nous avons parcouru 2000 km, eu du très beau temps et un peu de pluie. Les enfants ont pu, chacun à sa façon, approcher et apprivoiser la langue anglaise, notre fils commençait à communiquer avec les gens en utilisant les mots appris sur place (et aussi les mots vus durant l’année à l’école), et on entendait régulièrement notre fille parler en « yaourt » avec les intonations de l’anglais. Grâce aux différents groupes de SH rencontrés, nous avons beaucoup chanté et découvert de nouveaux chants dans le Denson. Nous avons fait des orgies de scones, goûté les fameux baked beans (miam) et les Marrowfat peas à la menthe (bof) de chez Tesco (mais nous avons évité la Marmite cette fois encore) et pris quelques solides petits déjeuners. Ce voyage m’a aussi permis de couper vraiment d’avec mon quotidien français en relativement peu de temps (12 jours tout compris).

Merci aux chanteurs et chanteuses des groupes de Brighton et Bristol pour leur accueil durant les singings.

« […] we shall still be join’d in heart,

And hope to meet again. » (CH 53b)

F. Eymard, août 2019
Crédit photos en une : https://www.nationaltrust.org.uk/appeal/urgent-white-cliffs-appeal

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