Certains vont faire des compétitions de triathlon à l’autre bout du monde ou visiter des musées en Italie, nous sommes partis en Irlande participer au 6ème All-day singing de Cork.
Nous sommes arrivés à Cork par temps chaud, sous un soleil radieux. Dara, qui nous héberge, est venue nous chercher directement sur place pour nous conduire chez elle. Nous avions rencontré Dara et Ewan lors du All-Day de Chaville-Paris en Avril dernier, où nous avions sympathisé.
Ensuite, après avoir installé nos affaires dans leur salon, nous sommes allés rapidement à l’endroit où se déroule le singing hebdomadaire de Cork. Le singing avait déjà commencé depuis quelques minutes (on n’est jamais en retard dans les singings de Sacred Harp) et le son qui émanait des chanteurs était d’une puissance étonnante. Les notes et accords caractéristiques du Sacred Harp, mélange d’enthousiasme, de quintes à vide et de rusticité, se faisaient déjà entendre dans la cour.
Discrètement, nous nous sommes trouvé une chaise parmi les ténors et nous avons pris la page du chant qui était appelé par le meneur pour commencer à chanter. Échanges de regards, de sourires avec des personnes présentes dans l’un ou l’autre des pupitres, que j’avais rencontrées auparavant à Londres ou à Paris, plaisir de se retrouver à nouveau entre passionné(e)s de ces polyphonies puissantes et rythmées. A la pause, les premiers échanges, autour de la tisane proposée, plaisir aussi de rencontrer des personnes vues sur des vidéos parfois des mois auparavant, ou plus simplement de nouvelles personnes. Nous en profitons pour acheter un Sacred Harp, vendu à prix coûtant par le groupe de chanteurs. Puis nous rentrons, fatigués du voyage, après avoir exprimé toute notre énergie au travers de ces chants.
Le lendemain, après une ballade dans le centre-ville sous le soleil de Cork, rendez-vous au pub pour la singing school de Sinead. Cette singing school est l’occasion d’accueillir de nouveaux venus, futurs chanteurs.
Les chanteurs expérimentés présents chantaient lentement ces airs qu’ils connaissaient déjà pour les avoir chantés mille fois afin de permettre aux nouveaux venus de mélanger leur voix à celles des autres et de découvrir le chant Sacred Harp. Découvrir les shape notes également, ce qui n’est jamais simple au départ. Chanter chacune des voix d’un chant sans trop s’attarder sur les difficultés évite de trop réfléchir, de trop se poser de questions – pendant qu’on parle, on ne chante pas – alors que ce qu’il faut surtout, c’est : expérimenter, chercher, se tromper, mais chanter ! Cette pratique du chant, encore une fois, est tellement différente de nos habitudes de chorales, que ça demande un peu de temps pour se sentir à l’aise.
Quelques pintes le soir partagées au pub avec des chanteuses et des chanteurs Irlandais, Allemands, des Hollandais, des Anglais, des Ecossais, des Américains, etc., donnent l’occasion de moments enthousiasmants comme je les aime.
Le samedi, jour du All-Day officiel, un jour entier à chanter dans une salle attenante à la cathédrale St Fin Barre. Comme d’autres chantent des chorals de Bach, des messes de Mozart, des requiem de Fauré, etc., compositions sacrées aux textes clairement religieux, nous chantons ensemble les chants du Sacred Harp, pour leur musique.
Une soixantaine de personnes et plus de 80 chants interprétés dans la journée, des hommes et des femmes, des âges très divers, des enfants aussi ont mené avec brio des chants que je ne connaissais pas du tout ; les singings sont toujours l’occasion de découvrir de nouveaux chants (il y en a 573 en tout dans le Denson 1991).
Le midi, nous avons pris le repas préparé par le groupe de chanteurs de Cork composé de plats tous plus délicieux les uns que les autres, occasion là encore de partager des discussions, des idées, de rire ensemble. Tout cela est gratuit. Bien entendu, on fait passer une corbeille pour rentrer dans les frais, mais c’est tout.
Des chanteurs me demandent : « Alors, et ton groupe ? », d’autres ajoutent : « on doit pouvoir venir chez vous pour chanter afin que les personnes intéressées de ta région puissent découvrir et entendre le Sacred Harp ». Juste après : « On peut venir chez toi en TGV ? »…
Le dimanche, dernier jour – déjà ! – à Cork, nous allons chanter à partir d’un autre Sacred Harp (Cooper revision, plus d’informations ici). C’était la première fois que je pouvais chanter et surtout entendre chanter des chants de ce livre. Il présente des chants nouveaux ou des harmonisations différentes de chants en commun avec le Denson, avec plus d’interactions entre les chanteurs, ou au moins des interactions différentes, par exemple des allers retours sous forme de question/réponse plus fréquents entre pupitres (ténor/soprano et alto/basses par exemple) ou des « duets » où seules les femmes (ténors, alto et soprano) chantent le couplet et sont rejointes par les hommes au refrain. Il y aurait beaucoup à dire sur ce livre (voir « 3.2 Origine des éditions modernes » en cliquant ici).
En plus de la gratitude pour les chanteurs de Cork qui ont préparé et réalisé ce week end fabuleux, nous rentrons les poches pleines de ces partages, trop rapides mais intenses, autour de la musique et des chants, les poches pleines de scones aussi (j’adore !) avec dans l’idée de revenir bientôt.
Pour la convention irlandaise ? pourquoi pas !
Crédit photo en une : Cork Sacred Harp Singers – Crédits photos : Cork Sacred Harp Singers, FVE, F. Eymard.
Cliquer ici pour écouter les chants du 27/08/2016 – Red Book (Denson 1991)
Cliquer ici pour écouter les chants du 28/08/2016 – Blue Book (Cooper 2012).
Sacred Harp Auvergne 
Je vois Steven Levine sur les photos 3 et 8 de l’article, et je ne résiste pas au plaisir de suggérer aux autres lecteurs d’aller regarder la courte vidéo ici https://www.youtube.com/watch?v=8K-W6daVK8o où le plaisir rigolard de cet homme est communicatif !
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